
Le patrimoine de Sainte-Eulalie-en-Born
La pieta d’Archiguille
Le peintre François Guille, surnommé Archiguille, est une figure majeure de l’art contemporain. Il a fréquenté les artistes et les grandes galeries parisiennes. C’est un habitué des vernissages. Selon André Malraux, c’est l’artiste le plus doué de sa génération. Quelle chance pour les Eulaliens qui l’ont vu, connu et fréquenté !

En effet, après des années de frénésie parisienne, son manager de l’époque lui conseille de se retirer dans les Landes. Laissant ses deux meilleurs amis, Brigitte Bardot et Salvador Dali, il arrive à Sainte-Eulalie-en-Born. Ce petit village lui plut tout de suite et il était heureux de retrouver le calme ; ce qui lui permis de se reconcentrer sur sa peinture : il est en période blanche et fantasme sur les volumes.
Eh oui, Sainte-Eulalie a toujours été un village calme et reposant, un « bout du monde » où il fait bon vivre, maintenant comme dans les années soixante-dix. Alors, rien de plus facile que se rendre au seul commerce qui était en fait, un point de ralliement pour tous les villageois. Ce n’est pas un bon de commande qui a conquis le peintre mais une amitié avec tous ces gens et surtout une demande appuyée de Mercedes, l’épicière. Elle lui a demandé avant de partir de laisser « quelque chose ». Étant très croyante, elle imaginait bien une fresque dans l’église où elle allait prier tous les dimanches.
Alors, la pieta a été créée en 1976 et va traverser les âges. Si vous rentrez dans cette petite église de village, vous allez être surpris et même impressionné par cette fresque dont les traces indélébiles sont l’œuvre d’un grand talent. Comme a dit F. Archiguille : « C’est le passage du trait au volume qui crée la transfiguration ».
Le peintre a vécu six ans au bord du lac de Biscarrosse, à Piche et au Beytout : une période de calme, de ski nautique et de détente. De nombreux amis et artistes venaient le voir mais le monde de l’Art le réclame et c’est l’envol vers Moscou, Chicago, Los Angeles, Genève, Tokyo, Paris… Cependant, le pays du Born est resté dans son cœur et trente ans plus tard, à 74 ans, il revient à Sainte-Eulalie. Pourquoi ?
Eh bien, sur la demande du curé de la paroisse, Pierre Ducourneau, son ami. Il revient pour restaurer son œuvre. En effet, après plusieurs infiltrations d’eau, la peinture était menacée. Il fallait rapidement cicatriser toutes ces blessures et seul, le maître, pouvait le faire dans le respect de la version originale avec les mêmes couleurs et les mêmes techniques. Cette restauration se fera du 8 au 15 décembre 2006. En fait, le peintre reviendra régulièrement séjourner dans les Landes en amenant dans son sillage de nombreuses célébrités, d’André Malraux à Johnny Halliday.
Ainsi, cette restauration a permis de conserver l’œuvre signée, que de nombreux touristes et pèlerins viennent admirer chaque année. C’est véritablement une synthèse du fauvisme et du cubisme qui traduit avec beaucoup d’émotion la douleur de la Vierge. Le maître a donné Vie à la passion de Marie, tenant son fils mort dans ses bras.
Peut-être, pouvons-nous retenir ces mots écrits par le peintre lui-même : « Dans toute chose, il y a un rapport au corps, un rapport à la mort qui s’impose à nous, sans recours pour combler notre fatalité. La plénitude absolue est le bonheur de la Résurrection. »
La fontaine Saint Eutrope
Le Born est « le pays des fontaines » et les Landes sont riches de nombreuses sources dont certaines sont guérisseuses car elles jouent un rôle important sur les maux quotidiens. Toujours blotties dans des écrins de verdure, et bien cachées, elles donnent une eau aux propriétés curatives. Ainsi, la source de Saint Eutrope, à Sainte Eulalie-en-Born, offre une eau apaisante et réconfortante, une eau active, efficace sur les enfants rachitiques, anémiés, faibles ou estropiés. Sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, de nombreux pèlerins venaient soulager leurs douleurs de grands marcheurs.
Une magnifique allée de bambous vous conduit en ce lieu et vous offre fraîcheur, sérénité et recueillement. Cette eau contient certainement une grande variété d’oligo-éléments bénéfiques pour la peau. Elle est recommandée pour traiter certaines maladies : eczéma, érésipèle, zona, psoriasis. En 1992, une guérisseuse suggérait de se laver avec cette eau tout en récitant une prière spécifique.
La municipalité ayant permis l’accès à cette source quelque peu envahie par la nature, une bénédiction de la fontaine Saint Eutrope est envisagée. Gardez contact avec le site et la paroisse Saint-Joseph-du-Born pour connaître la date exacte et rendez-vous à Sainte-Eulalie.

L’église de Sainte-Eulalie-en-Born
Au milieu du village, où l’on trouve encore quelques vieilles maisons landaises à ossature bois, l’église Saint Eutrope fait partie de la paroisse Saint-Joseph-du-Born. Elle accueille les visiteurs tous les jours pour découvrir un magnifique choeur qui daterait du XIIIe siècle, à l’époque des Chevaliers de Malte. Le reste de l’édifice a été abandonné et s’est effrondré pendant la dernière guerre. Puis, l’église a été reconstruite en 1957, à la demande du Père Pierre Ducourneau, curé de la paroisse. Ceci explique donc la sobriété du lieu. Cependant, le pèlerin peut se reposer et se recueillir dans ce silence, légèrement habité par le fond sonore des balles de pala, le fronton étant tout près ou bien par le chant des cigales dans les pins tout proches ou encore par le murmure de l’eau du lavoir vers la mairie.
Même si elle est dédiée à Saint Eutrope, cette église possède un magnifique vitrail de sainte Eulalie. Cette jeune martyre de Mérida a succombé, au 3e siècle, à l’âge de douze ans, lorsque l’empereur Maximien persécutait les chrétiens. Eulalie a inspiré l’iconographie. Dans le vitrail central du choeur, on la découvre avec sa palme et sa couronne de martyre. Ce vitrail date du XIXe et a été réalisé par le peintre-verrier, Jean-Baptiste Anglade (de Condom dans le Gers) vers 1873-1874 et l’on peut voir sa signature en bas du cadre.
Cette église possède aussi, dans la chapelle de la Vierge, à droite de la nef, une magnifique fresque représentant une pieta exécutée par le peintre François Archiguille. « Oh ! My God ! » , s’était exprimé un couple anglais devant cette œuvre, alors qu’il faisait une halte dans l’église en suivant la Vélodyssée. Sainte-Eulalie a toujours été une halte sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Dans cette même chapelle est dressé un autel en marbre blanc avec des incrustations dorées et cinq colonnettes dans sa partie basse. Tout près, deux anges ailés, en pierre, vous regardent et vous protègent : l’un au visage féminin et l’autre plutôt masculin. Cela me rappelle le tableau de l’Enfant Prodigue de Rembrandt où Dieu pardonne et aime avec tendresse entourant son enfant de ses deux bras : l’une des mains est masculine et l’autre féminine. Partout, le Seigneur nous fait un clin d’oeil, quelque soit le chemin que nous prenons.
La porte de cette église est toujours grande ouverte et, après ce temps de repos, de recueillement et de découvertes, vous ressortez au grand soleil pour suivre la route et prendre l’allée de bambous qui mène à la fontaine guérisseuse de saint Eutrope. Je n’ai plus qu’à vous souhaiter bonne route.